Introduction de mon premier roman:
Le bal des murmures: Zolitex, les virus zombie
26 juin, Nice. Une mystérieuse épidémie éclate, transformant tous les
habitants en Nécro: des zombies.
Lisez le témoignage de Venti, Anna et Joris, trois survivants au
caractère opposé, retranchés dans une supérette. Complot, attaque terroriste,
mutation biologique ?
Plongez dans la panique, les cris, la mort.
Vivez l'évolution du virus dans le monde, les mesures de crises prises
par le gouvernement Français et l'armée.
Soyez choqués devant l'inhumanité qui sommeille en chacun de nous.
Attention aux âmes sensibles, un zombie ne fait pas dans la dentelle.
Introduction
Ou
comment une piqûre
peut
changer le monde
26 Juin 18h06
- Le patient ne présente aucun signe de malaise, sa
température vient d'atteindre les 41,2°C. Le membre atteint est à un stade
intermédiaire de décomposition. C'est incroyable !
Je venais juste de reprendre conscience. Je n’avais
aucune idée de ce qui m’arrivait. La dernière chose dont je me rappelai était
un visage au-dessus de moi.
Ensuite, c'était le trou noir.
J’essayai de parler, mais ma gorge était aussi rêche
que du papier de verre.
- Tenez M. Éluard – il me tendit un verre remplit
d’eau au goût de plastique - je suis le docteur Isaac Venti, je m'occupe de
vous. Si vous éprouvez une sensation étrange au niveau de votre bras gauche, ne
vous inquiétez pas, vous avez eu un accident.
- Un accident ? dis-je d'une fois faible, j'étais à
Rome ! Où suis-je ? Je veux savoir où je suis ! Et pourquoi est-ce que je ne
sens plus mon bras ? paniquai-je en tentant de le soulever.
- Je vous en prie calmez-vous, dit le médecin d'une
voix posée. En effet, vous étiez à Rome. Mais suite à votre accident, nous
avons été obligé de vous rapatrier à Nice, je suis désolé.
Mon cœur commençait à battre de plus en plus vite, ma
respiration s’accéléra. J’essayai de comprendre ce qu’il me disait, mais mon cerveau
était comme embrumé. Le médecin poursuivit :
- Vous étiez en train de visiter le forum Romain
lorsque vous avez été piqué par une araignée. Votre perte de connaissance a
créé la panique, plusieurs personnes ont été blessées.
- Blessées ? Je me suis seulement évanoui on ne m’a
pas assassiné sous leurs yeux ! Et ça ne m'explique pas pourquoi je suis revenu
à Nice.
Je commençai à perdre patience.
Le médecin, un homme d’environ 50 ans, était plutôt
bel homme. Du moins d’après les critères de ma mère. Ses cheveux grisonnants
n’en étaient pas moins épais, de délicates lunettes en métal gris étaient
posées sur son nez fin et droit, son sourire révélait une rangée de dents
blanches. Il devait s’en passer des choses avec les infirmières…
Son beau visage affichait un masque d’arrogance, qui
me le rendit aussitôt antipathique. Il était évident qu’il s’intéressait à moi
uniquement à cause de ma piqûre et de ses effets secondaires.
- L'hôpital de Rome est débordé en ce moment, une
étrange épidémie s'est développée au sein de l'établissement, il a été mis en
quarantaine. Personne ne peut y entrer ni en sortir.
Voyant mon visage se figer d’incompréhension, il
s’empressa d’ajouter :
- Pour l’instant, nous n’en savons pas plus que vous.
Les seules informations qui nous sont parvenues ne sont pas bonnes, l’affaire
est grave. Mais peu importe. M. Éluard, vous serez sur pieds en moins de temps
qu'il n'en faut pour le dire !
En écoutant le docteur, mon périple italien me revint
en mémoire.
Passionné depuis toujours par la civilisation Romaine,
je m'étais envolé la veille pour la Ville éternelle, persuadé que j’y passerai
le restant de ma vie.
À Nice, je n’avais aucun point d’attache, aucun ami,
aucune famille. J’ai toujours été un grand solitaire, mal à l’aise avec les
personnes de mon âge qui ne partagent pas les mêmes passions que les miennes.
Quand je suis entré à l’université, j’ai pris des cours d’Histoire de l’Art
afin de pouvoir vivre mon rêve : travailler à Rome. Je n’avais aucune idée du
métier que je voulais faire, la seule chose qui comptait pour moi était d’être
entouré de ces antiques monuments.
Pendant plusieurs années, j’ai travaillé comme serveur
afin d’économiser pour ma future vie. Quand je suis parti de mon appartement
Niçois, je n’ai ressenti aucune émotion, aucun regret. La flamme de
l’excitation brûlait en moi. Je jetais un dernier coup d’œil à ma ville durant
le trajet jusqu’à l’aéroport, puis montais dans l’avion. Je suis arrivé à
destination en fin de matinée.
Dès ma sortie de l’aéroport, j’ai été assailli par la
chaleur ambiante. Je n’avais jamais connu une telle sensation d’étouffement, et
pourtant j’étais habitué à la chaleur. Je déposais rapidement mes bagages dans
mon nouvel appartement, puis partais avec entrain visiter la ville.
Les rues grouillaient de touristes en short, casquette
et sandales, nous mourrions de chaud. Le t-shirt trempé de sueur, je me
dirigeai vers le forum Romain, impatient de voir les ruines que j’admirais en
photo. Après plus de deux heures de marche sous un soleil de plomb, je me suis
assis sur un rocher à l'ombre d'un arbre.
Soudain, je ressentis une vive douleur au bras droit.
Je vis une minuscule araignée violette qui se balançait au bout de son fil. De
rage, j’ai secoué le bras et écrasé la bestiole. Inquiet, j’inspectais ma
blessure : elle était noire et gonflée. Je tentais de me lever, mais un flash
noir passa devant mes yeux. Ma tête a heurté le sol avec brutalité : mon crâne
semblait sur le point d’exploser. La vue brouillée par la douleur, j’entendais
des cris, puis des bruits de pas autour de moi. La dernière chose que j’ai vu
avant de sombrer dans le néant fut le visage d’un homme, le téléphone portable
vissé à l’oreille.
J’étais abasourdi, j’ai travaillé tellement dur toutes
ces années pour me payer ce voyage, et finalement je ne suis resté à Rome que
quelques heures ! Je ne savais pas si je devais rire ou pleurer, la situation
était si incongrue !
- Je vous prie de m'excuser, je dois rejoindre mes
collègues, nous travaillons sur votre cas. Vous êtes exceptionnel - son œil
brilla d'excitation - vous êtes la première personne à rester consciente avec
une fièvre aussi forte ! Et votre bras ! il s’interrompit et inspira
profondément, contrôlant une bouffée de joie.
Je haussai un sourcil, perplexe par tant de gaieté.
Puis, sans prévenir, le médecin planta une aiguille dans mon bras. Je criai,
autant de surprise que de douleur. Stupéfait, je ne vis aucune goutte de sang
perler de la blessure. J’essayai de plier le poing, mais après plusieurs
efforts, seul mon index avait tressailli.
Le docteur quitta la pièce à grands pas, griffonnant
dans son calepin et marmonnant des mots que je n’entendais pas.
Épuisé par ce réveil douloureux, je plongeai dans le
sommeil.
18h46
Un épouvantable mal de tête me réveilla. Mon bras
était encore plus noir que la dernière fois. J’eus l’impression que l’on avait
confondu ma peau avec une crème brûlée, elle était en feu.
La tête lourde, j’essayai de localiser le bouton
d’appel. Après d’épuisants efforts, je réussis à l'atteindre. Une douleur
sourde vrillait de ma blessure, à laquelle s’ajoutaient de désagréables
chatouillements.
Avec horreur, je vis qu’une gigantesque araignée
violette et velue me grignotait le bras. Elle arrachait ma chair, qui s’étirait
à la façon d’un élastique avant de claquer contre la mâchoire de l’affreuse
bête. J’hurlai de toutes mes forces, je criais à m’en enflammer les cordes
vocales, mais personne ne m’entendait. J’étais terrifié, et surtout, j’avais
mal. Jamais je n’aurais cru qu’il était possible d’avoir aussi mal. J’essayai de dégager mon bras de l’emprise de
l’araignée, mais il était comme paralysé.
Enfin, je vis une ombre se profiler à l’orée de la
porte.
- S'il vous plait ! Aidez-moi !
Mais ce n’était pas l’infirmière, c’était un monstre
informe et immense ! La chose possédait plusieurs tentacules affreusement longs
et visqueux, sa peau était grisâtre, tremblotante comme de la gelée de
groseilles. Sa bouche énorme contenait une centaine de dents acérées.
J’essayai une nouvelle fois de m’enfuir, mais mon
corps ne répondait plus : j’étais coincé sur mon petit lit d’hôpital. Je
regardais autour de moi pour trouver une arme, n’importe laquelle, qui pourrait
le débarrasser de ces horreurs.
Un craquement sinistre se répercuta dans la chambre :
l'araignée carnivore avait cassé l’os, et s'attaquait maintenant à la moelle.
La vue brouillée par les larmes de peur et d'impuissance, je vis le monstre
lever l'un de ses tentacules au-dessus de ma poitrine.
- Non ! S'il vous plait ne me faites pas de mal, s'il
vous...
La fin de ma phrase se perdit dans un flot de sang :
le tentacule tenait mon cœur, encore palpitant, qu'il avait arraché en une
fraction de seconde.
19h00
J’entrouvris un œil, qui se posa sur une blouse
blanche. La bouche pâteuse, le pyjama trempé de sueur, nauséeux, je demandai ce
qu’il s’était passé :
- Votre fièvre s'est aggravée, dit une voix douce,
vous avez eu une violente crise d'hallucination, plusieurs infirmiers ont été
nécessaire pour vous contrôler. Nous vous avons donné un puissant sédatif, cela
ne se reproduira plus.
Malgré son ton rassurant, je sentais encore ma peau se
déchirer sous les dents de l’araignée, je voyais mon cœur battant hors de ma
poitrine. Mon bras était toujours en seul morceau, mais n'était pas beau à voir
: il était totalement noir, des cloques pullulaient, certaines mêmes
éclataient.
Je pris brutalement conscience que mon bras se
décomposait.
Une vague de nausée monta en moi, et je me penchai sur
le côté pour la laisser déferler. L’infirmière me tendit un verre d’eau et
passa un linge frais sur mon visage.
Tout d’un coup, ma vision devint trouble, et mes
oreilles se bouchèrent, comme si j’étais dans un avion en plein décollage. Le
froid m’envahit, je tremblais. Au loin, un bip résonnait, je savais qu’il
s’agissait de mon électrocardiogramme. Je mourrai.
Alors que toute ma vie j’avais redouté la mort, je
m’aperçus que ce n’était en rien ce que je m’étais imaginé. Je n’avais pas
peur, je regrettais seulement de ne pas avoir réussi à vivre mon rêve. Je
baignai dans le calme le plus total, et je dois dire que c’était plutôt
agréable. Je ne voyais pas la lumière qui annonçait l’arrivée de la mort, au
contraire, j’étais dans une complète obscurité.
Après un moment – j’avais perdu toute notion du temps
-, la lumière revint.
19h12
Je voyais flou, comme si un voile opaque s’était posé
devant mes yeux.
- Infirmière ! Je ne vois plus rien, infirmière !
J’essayai de me lever de mon lit, mais mes jambes me
lâchèrent et je m’effondrai sur le sol. Un vacarme retentit, je me bouchai les
oreilles tout en continuant d’appeler à l’aide.
-Tic-tac tic-tac
- Poussez madame, allez !
- Il paraît que Venti aurait une aventure avec
Suzanne, tu sais…
J’entendais tout ce qu’il se passait dans l’hôpital !
Je ressentais une énergie incroyable, mais mon corps ne suivait pas, j’avais
l’impression de bouger au ralentis. Je me mis à ramper sur le sol : poser les
mains loin devant moi, puis ramener mon corps. Mon pied heurta l’étagère près
de mon lit, le bruit de la télécommande qui tomba sur le sol fut si fort que
j’eus peur que mes tympans éclatent.
Une odeur terrible, immonde, agressa mon nez. Cela
sentait la sueur, le sang, la peur, l’angoisse.
Un cocktail explosif, vomitif.
Je me sentis irrésistiblement attiré vers la source de
cette odeur. J’oubliai tout le reste : mon ancienne vie, mon accident, ma «
mort ». Je ne pensais plus à rien, je ne voulais plus qu’une chose : manger,
m’enivrer de cette pestilence.
Dans le couloir, je vis deux formes noires côte à
côte. Silencieusement, je m’approchai, et mordis avec délectation dans une
jambe. Le tissu au goût de lessive aseptisée glissa rapidement au fond de ma
gorge, ce n’était pas ça qui m’intéressait.
La viande, la chair de la forme - que j’identifiai en
tant que femme - était horrible, caoutchouteuse. Le goût était atroce, je
n’avais jamais rien mangé d’aussi mauvais, mais j’en voulais encore, il m’en
fallait plus. J’étais tellement avide de cette viande que je ne pris même pas
le temps de mâcher, je n’en avais pas le temps. Je mordis encore et encore, les
cris de la femme emplissaient l’espace.
Plusieurs formes approchaient de moi, je délaissai ma
proie pour en attaquer une autre, plus grosse, sûrement un homme. Sa viande
était plus forte, avec un arrière-goût de tabac, mais je la mangeai, avec un
mélange d’écœurement et de jouissance.
Autour de moi, c’était le chaos, les cris et les
pleurs se mêlaient à mes gémissements de plaisir. Je m’accrochai aux jambes de
quelqu’un, un homme vu leur puissance, et le fis tomber. Le cri qu’il poussa
m’emplit de joie. Il était allongé sur le dos, et essayai de me repousser en
posant ses mains sur mes épaules.
Je sentis quelque chose passer à travers mon dos et
ressortir du côté de mon ventre. Je ne ressentis aucune douleur, juste une
sorte de courant d’air. Ma force était plus importante que la sienne, ma bouche
s’approchait peu à peu de son cou. J’allais refermer ma mâchoire sur sa
jugulaire lorsque ce fut le trou noir.
On m’avait tué.
Définitivement.
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